Le son est dans les doigts, pas dans la guitare

Voilà une phrase que j’ai entendue des centaines de fois au cours de mon parcours musical.

Mais concrètement, qu’est-ce que ça signifie ?

Peut-on vraiment avoir un bon son avec une mauvaise guitare ?

Et si le son ne dépend pas de la guitare, comment faire pour l’améliorer sans changer d’instrument ?

Je vais tenter de développer mon point de vue sur le sujet…

Le son est dans les doigts, pas dans la guitare

Il est évident que cette phrase n’est pas à prendre au premier degré.
Sans sa guitare, un guitariste n’est rien, on est d’accord sur ce point.
Et une guitare sans guitariste sonnera mieux qu’un guitariste sans guitare, là aussi il n’y a pas de doute possible.

En prenant cette phrase au sens figuré, on comprendra qu’elle soutient la théorie selon laquelle les compétences et le « toucher » du guitariste ont plus d’importance que la guitare elle-même sur la qualité du résultat.

En effet, si on compare 2 cas extrêmes, on s’aperçoit que cette théorie peut se confirmer : une guitare premier prix jouée par un guitariste professionnel sonnera mieux qu’une guitare très haut de gamme jouée par un guitariste débutant.

Maintenant, tentons de dépasser ces évidences et allons plus loin dans le raisonnement.

Le son n’est-il pas dans la guitare ?

Si nous comparons ce qui est comparable, il est probable que nous nous apercevrons qu’un guitariste avec un niveau correct obtiendra un meilleur son d’une bonne guitare que d’une mauvaise guitare.

Il a donc tout à gagner de jouer sur une meilleure guitare.

L’inconvénient, c’est qu’une fois qu’il sera passé sur une bonne guitare, il ne lui restera plus que l’option de passer sur une excellente guitare (3 à 5 fois plus onéreuse) puis il aura atteint un plafond et son son ne s’améliorera plus.

Le son est dans les doigts

Il y a fort à parier qu’au fil de la progression d’un guitariste, son son gagnera en qualité, même s’il ne change jamais d’instrument.

Dans ce contexte, quand on parle de « son », il ne s’agit pas de son au sens physique du terme, mais plutôt de musicalité.

On prend plus plaisir à écouter un guitariste jouer lorsque ce qu’il joue est vivant, expressif, nuancé et précis rythmiquement.

Ainsi, même si la sonorité de la guitare elle-même n’est pas extraordinaire, notre oreille fait abstraction de ce détail pour se focaliser sur ce qui lui parle… la musicalité du guitariste.

Or, c’est comme ça que nous avons tendance à définir un « bon son ».
Il ne s’agit pas nécessairement d’une sonorité riche en fréquences telle qu’on pourrait l’analyser en traçant une courbe.
Il s’agit d’un rendu musical que nous apprécions, au-delà des considérations purement techniques.

Par conséquent, si notre définition d’un « bon son » correspond à quelque chose d’expressif et de musical, la phrase « le son est dans les doigts » prend tout son sens.

Il existe des tas de façons différentes de jouer un morceau, une mélodie, un accord ou même une simple note.

Il ne suffit donc pas de jouer les bonnes notes à la bonne vitesse pour pouvoir considérer qu’on a atteint l’objectif ultime.

Même si on peut parfois rapporter sa pratique à des notions scientifiques, jouer de la guitare est un art, pas une science.

Trouver le résultat d’une équation est donc hors sujet.

Vous pouvez apprendre un morceau et être capable de très bien le jouer.
Mais si vous rejouez ce morceau dans 1 an, il est probable qu’il ne sonnera pas de la même façon.
Il sonnera peut-être moins bien, peut-être mieux (je vous le souhaite !) ou peut-être juste différemment.

Maintenant que nous avons admis que développer ses compétences et son toucher était plus important que de changer d’instrument, comment s’y prendre ?

Comment améliorer le son qui est dans ses doigts ?

Vous pouvez vous contenter de jouer, le mieux possible, et dans quelques mois ou quelques années, vous constaterez que votre « son » est meilleur, même en jouant sur la même guitare.

Mais vous pouvez aussi tenter de développer votre son de manière plus active.

Ça va vous demander d’analyser ce que vous jouez, de le comparer avec ce que vous considérez sonner mieux et trouver les clés pour vous en rapprocher.

Admettons que vous travailliez un solo de guitare.
Il va falloir, pour chaque note, tenter de comprendre pourquoi votre note semble plate et manque de vie alors que la même note vous semble très expressive sur l’original.

  • Peut-être que votre façon d’attaquer la note avec le médiator ou avec un doigt est trop agressive, ou trop douce.
  • Peut-être que vous étouffez légèrement la corde par moments, ne lui laissant pas la possibilité de vibrer librement.
  • Peut-être que votre doigt est trop loin de la frette.
  • Peut-être que vous devriez ajouter un vibrato avec la main gauche sur la note.
  • Ou si vous avez déjà un vibrato, peut-être est-il trop ample, trop étroit, trop rapide, trop lent, trop irrégulier, trop régulier…

En faisant ce travail d’analyse de tout ce que vous jouez, vous parviendrez petit à petit à comprendre quels sont les éléments auxquels vous devez faire attention pour que ce que vous jouez sonne comme vous avez envie de l’entendre.

D’autre part, même si vous ne parvenez pas immédiatement à obtenir des résultats, le fait de vous concentrer sur ces différents éléments affinera votre oreille et votre perception musicale.

Ainsi, il vous sera de plus en plus facile d’identifier ce qu’il vous faudra changer dans votre jeu pour améliorer le « son qui est dans vos doigts ».

Et vous, votre son est-il dans vos doigts ou dans votre guitare ?