7 légendes concernant la vitesse à la guitareLa plupart des guitaristes se posent des questions concernant le travail de la vitesse à plusieurs étapes de leur parcours.

Ils sont parfois découragés, parfois perplexes quant à leur capacité à gagner de la vitesse dans leur jeu de guitare.

Et souvent les doutes et les interrogations sont basées sur des idées reçues qui ne sont pas toujours fondées.

Nous allons donc parler de 7 idées reçues, 7 mythes concernant la vitesse à la guitare qui bloquent beaucoup de guitaristes dans leur progression.

1. « La vitesse est ce qu’il y a de plus difficile à travailler à la guitare »

Il est vrai que lorsqu’on débute, une fois les bases assimilées, la vitesse des morceaux semble être ce qui représente l’un des plus gros obstacles.

Il devient donc légitime de penser que c’est la vitesse elle-même qui est la plus grosse difficulté, et qu’il faut être surdoué ou s’acharner pendant des années avant de pouvoir gagner en vitesse dans son jeu de guitare.

Pourtant, même si notre progression a toujours tendance à être trop lente à notre goût, la vitesse est beaucoup plus facile à développer que notre ressenti rythmique ou que notre « oreille ».

En effet, le travail de la vitesse est quelque-chose de concret, de mesurable, qui peut se calculer et se percevoir visuellement, auditivement ainsi que de manière tactile.

Pour ceux qui aiment fonctionner à l’aide d’objectifs, il est possible de travailler au métronome afin d’avoir des chiffres concrets permettant de mesurer notre progression.

Ça permet aussi de se fixer de mini-objectifs, comme par exemple de jouer un morceau à un tempo de 63 battements par minute au lieu de 62.

La différence peut sembler négligeable, mais c’est un pas dans la bonne direction qui est concret et mesurable, et qui ne dépend donc pas seulement de notre ressenti du moment.

2. « Je ne veux pas être un guitar hero donc je n’ai pas besoin de travailler la vitesse »

On associe souvent la vitesse aux virtuoses ainsi qu’à certains styles de musique en particulier, comme le métal, le jazz ou le flamenco.

Il est vrai que la réputation de certains guitaristes célèbres est basée sur leur vitesse de jeu et sur leur capacité à impressionner d’autres guitaristes par leur virtuosité.

Au-delà de ce contexte un peu « compétitif » dont l’état d’esprit peut ressembler plus à une discipline sportive qu’à une discipline artistique, la vitesse permet aussi d’apporter une fluidité et une détente inégalées dans son jeu de guitare.

Si vous êtes capable de soulever un poids de 50kg, porter 20kg vous semblera relativement aisé, vous serez détendu et vous limiterez les risques de vous casser le dos.
A l’inverse, si 25kg est le maximum que vous puissiez soulever, porter 20kg sera une vraie performance pour vous et vous ne serez pas vraiment à l’aise.

Il en va de même pour la vitesse à la guitare.
La vitesse de pointe importe peu, mais elle peut aider pour déterminer quelle est la vitesse maximale au-delà de laquelle vous perdez en fluidité, en souplesse et en détente.

Ceci est vrai quels que soient votre niveau, vos ambitions ou vos styles de musique de prédilection.

3. « Pour devenir un bon guitariste, il faut savoir jouer à 200 bpm »

Encore une fois, ce genre d’idées reçues ne fonctionne que si on raisonne dans une optique de performance ou de compétition.

Or, il y a énormément de compétences complémentaires qui entrent en ligne de compte pour définir un « bon guitariste ».

La vitesse n’est que l’un de ces paramètres, et est d’ailleurs loin d’être une priorité.

Il y a d’excellents guitaristes qui ne sont pas capables de jouer très vite et à l’inverse, on trouve des guitaristes qui sont capables de jouer à toute vitesse sans ce ça fasse d’eux de « bons guitaristes », parce qu’ils ont développé cette compétence au détriment d’autres toutes aussi importantes.

4. « Travailler la vitesse, ça n’est utile que pour les solos, pas pour l’accompagnement »

Même si on associe souvent la vitesse avec les solistes, il existe nombreux morceaux et de nombreux styles de musiques qui demandent d’être capable d’atteindre une certaine vitesse pour pouvoir jouer les rythmiques ou les parties d’accompagnement.

Donc même si la vitesse d’une rythmique ou la vitesse d’un solo se travaillent différemment, l’intérêt de ce travail pour gagner en souplesse, en fluidité, en expressivité ou en détente est tout aussi important.

5. « Pour gagner en vitesse, il suffit de travailler au métronome »

Je conseille souvent l’utilisation du métronome par qu’il s’agit d’un outil très intéressant, qui permet notamment de sortir de soi, c’est-à-dire de prendre du recul sur notre interprétation sans laisser notre perception du rythme ou du tempo être déformée par nos difficultés ou nos facilités sur un passage d’un morceau.

Le métronome apporte également des repères chiffrés concrets permettant éventuellement de mesurer notre progression lors du travail d’un exercice ou d’un morceau.

Mais ce travail au métronome peut aussi être un piège puisqu’il nous incite à nous focaliser sur la performance au détriment d’autres qualités plus importantes.

Par exemple, admettons que l’on travaille un morceau à 100 battements par minutes, puis que l’on fasse progressivement évoluer le tempo jusqu’à atteindre 120 battements par minutes (à ce sujet, le métronome gratuit que j’ai proposé sur www.metronome-en-ligne.com permet de faire évoluer le tempo de manière automatique, afin de pouvoir vous concentrer sur votre instrument).

Le fait d’avoir atteint 120 battements par minutes nous fera peut-être penser que l’on a beaucoup progressé puisqu’on est passé de 100 à 120.

Mais en se concentrant uniquement sur ce chiffre, on risque de ne même pas remarquer que l’on a perdu en précision rythmique, en souplesse, en expressivité ou en détente.

Or, peut-être qu’à partir de 105 battements par minute,  on avait déjà commencé à perdre ces éléments, mais en se concentrant sur les chiffres, on a continué jusqu’à 120, pensant avoir fait un progrès extraordinaire.

Le métronome est donc un outil très intéressant pour travailler la vitesse, à condition de ne trop se focaliser dessus et de prendre conscience de tous les autres éléments à prendre en compte.

6. « La vitesse entre en conflit avec l’expressivité et la musicalité »

Le combat entre les guitaristes qui jouent vite et les guitaristes qui mettent leurs émotions dans leur interprétation est un débat sans fin et dont je n’ai jamais compris l’intérêt.

De mon point de vue, ce serait comme prétendre que pour bien savoir parler français, il ne faut surtout pas apprendre une autre langue.
Donc n’apprenez surtout pas à parler anglais, sinon vous risqueriez d’oublier le français !

Présenté comme ça, nous sommes d’accord que ça n’a aucun sens !

Or, la vitesse et la musicalité sont également deux éléments qui peuvent se travailler individuellement et qui n’ont pas de lien direct.

Ça signifie qu’ils peuvent être complémentaires sans entrer en conflit.

Il est donc à mon sens aussi ridicule de vouloir rejeter l’expressivité au profit de la vitesse, que de vouloir rejeter la vitesse au profit de la musicalité.

La différence, c’est que la musicalité semble importante quel que soit le style, tandis que la vitesse peut sembler moins prioritaire selon ce que l’on cherche à jouer.

Mais pour autant, ça ne justifie pas de vouloir opposer les deux.

7. « La vitesse s’acquiert en jouant lentement et en étant patient »

Bien que cette idée reçue ne soit pas totalement fausse, il faut prendre conscience que tout miser là-dessus ne permettra pas d’obtenir les résultats escomptés.

La patience, la persévérance, et le fait d’accepter d’avancer progressivement sans brûler les étapes sont importants.

Mais pour progresser, il y a forcément un moment où on doit dépasser ses limites. Or, ce n’est pas en restant dans sa zone de confort que l’on peut dépasser ces limites.

Il faut savoir se mettre en difficulté et pratiquer ses exercices à des tempos auxquels on va perdre notre aisance, qui vont demander plus de concentration et de souplesse.

Sans pour autant s’aventurer sur des tempos encore hors d’atteinte, il est donc important de tenter d’aller légèrement au-delà de ce dont on se sent capable.

Ça ne fonctionnera évidemment pas du premier coup, mais si l’on parvient à conserver sa motivation malgré ça, c’est le meilleur moyen de progresser et de gagner en vitesse dans son jeu de guitare.