Comment travailler son oreille sans sa guitare ?

Avoir une « bonne oreille » est quelque chose d’essentiel pour bien jouer d’un instrument de musique, quel qu’il soit, et quel que soit le style.

Or, même si certains peuvent avoir des facilités, il ne s’agit pas d’une faculté innée.
C’est quelque chose qui se développe au fil du temps et de la pratique de son instrument.

Mais si l’on veut gagner du temps, on peut faire en sorte d’avoir une démarche active pour développer cette capacité d’écoute.

Je vais tenter dans cet article de vous donner quelques pistes pour que vous puissiez travailler efficacement votre oreille.

Où et quand travailler son oreille ?

La réponse courte serait : « n’importe où et n’important quand ».

Travailler son oreille consiste à développer ses facultés d’écoute et sa capacité à identifier des notes, des rythmes, des mélodies, des accords, des sons ou des instruments.

Ça peut évidemment se faire lorsque vous jouez de la guitare, mais en réalité vous n’avez pas besoin de votre instrument pour que ce travail soit efficace et bénéfique pour votre progression à la guitare.

Quel que soit le lieu ou le moment, dès lors que vous avez l’occasion d’entendre de la musique, vous pouvez en profiter pour travailler votre oreille.

Vous pouvez écouter des morceaux sur votre chaîne hifi, votre ordinateur, votre lecteur MP3 ou bien écouter ce qui est diffusé à la radio ou à la télé.

Lorsque vous êtes dans les transports, vous pouvez utiliser des écouteurs branchés sur votre lecteur MP3 ou votre téléphone portable.
En voiture, vous pouvez vous servir de votre autoradio.

En faisant vos courses, vous pouvez travailler votre oreille grâce à la musique d’ambiance que diffusent parfois les grandes surfaces.

Donc non seulement le lieu n’est pas un problème, mais exercer votre oreille ne nécessite pas forcément beaucoup de temps libre puisque ça peut se faire durant ne nombreuses situations de votre vie quotidienne.

Comment travailler son oreille ?

Voici quelques étapes essentielles pour décortiquer d’oreille les éléments d’un morceau :

  • Repérer le tempo
    C’est la première étape. Tant que vous n’avez pas identifié le tempo du morceau, il sera difficile d’en repérer les rythmes.
    Tapez dans vos mains en tentant de suivre le tempo du morceau jusqu’à ce que vous atteigniez un battement régulier et qui coïncide avec le morceau.
    Certaines personnes y parviennent instinctivement sans avoir besoin d’y réfléchir. D’autre auront besoin d’un peu d’expérience avant d’être parfaitement à l’aise avec le procédé.
    Si le contexte ne permet pas de taper dans les mains (par exemple si vous êtes au boulot ou dans les transports en commun), vous pouvez faire la même chose silencieusement en pressant 2 doigts l’un contre l’autre.
    On peut même faire ce travail mentalement, mais il est souvent plus facile d’identifier un tempo lorsque l’on profite de la sensation physique qui va avec.
  • Repérer les changements d’accords et les cycles
    Avant même de vouloir reconnaître des notes ou des accords, il faut avoir compris la structure du morceau.
    Beaucoup de morceaux fonctionnent sous forme de cycles.
    Par exemple, il n’est pas rare qu’un morceau ne comporte que 4 accords, et qu’une fois ces 4 accords joués on recommence au début du cycle.
    Dans cet exemple, le but sera donc d’identifier que l’on a que 4 accords qui se répètent au long du morceau.
    Il faudra donc repérer à quel moment on change d’accord et à quel moment les 4 accords ont été joués. C’est ce qui nous permettra de savoir que le cycle est terminé et que l’on s’apprête à recommencer sur le premier accord.
    Il est évident que ceci était un exemple simple, que l’on peut tomber sur des morceaux qui comportent 5, 6, 8, 9, 12 accords différents et que les accords de l’introduction, du couplet, du refrain, du pont, du solo… ne sont pas forcément les mêmes.
    Mais une fois le principe compris, le travail sera similaire.
  • Repérer les basses et les chanter
    Les notes basses d’un morceau sont généralement celles qui indiquent le point de départ des accords.
    La plupart du temps, c’est la note la plus grave d’un accord qui lui donne son nom.
    Ainsi, si l’accord est un Mi majeur, la basse sera la note Mi.
    Par conséquent, si vous êtes capable d’identifier les basses d’un morceau, vous aurez fait une bonne partie de travail pour être capable de reconnaître les accords.
    Il est inutile de repérer la mélodie complète jouée par la basse.
    Le but est de repérer les notes basses au moment des changements d’accords (que vous avez déjà repérés à l’étape précédente).
    L’idéal est de parvenir à chanter ces notes. C’est un moyen très fiable pour être sûr d’avoir identifié les notes.
    Encore une fois, ce travail peut se faire mentalement, mais la sensation physique de chanter (ou simplement de chantonner s’il y a trop de monde autour) est un gros atout dans la reconnaissance des notes.
    Une fois ces notes parfaitement identifiées, même si vous ne connaissez pas leurs noms, il ne restera plus qu’à les repérer sur la guitare, ce qui sera relativement facile puisque vous aurez déjà ces notes dans l’oreille.
  • Repérer les mélodies et les variations qu’elles utilisent
    Repérer une mélodie, qu’elle soit chantée, jouée sur un autre instrument ou au milieu d’un solo de guitare, se fait de la même façon que pour repérer les basses.
    L’idéal est de chanter cette mélodie pour s’assurer qu’on l’a bien identifiée.
    Puis, pour développer son oreille si l’on n’a pas d’instrument à portée de la main, une solution assez efficace consiste à dessiner dans sa tête une courbe de variation de hauteur des notes.
    Ainsi, si vous avez l’impression que la 2ème note est plus haute (plus aigüe) que la première, imaginez un ligne qui monte. Et si la 3ème note est plus basse (plus grave) que la précédente, votre ligne mentale redescendra.
    Même si vous ne savez pas de quelles notes il s’agit, en ayant identifié la façon dont la hauteur des notes évolue, vous aurez déjà fait une grosse partie du travail.
    Il ne restera plus, lorsque vous aurez votre guitare dans les mains, qu’à repérer ces notes, ce qui sera beaucoup plus facile grâce à ce travail de repérage et de mémorisation que vous aurez fait auparavant.

Il existe évidemment des tas d’autres façons de développer votre oreille, mais pour être exhaustif, un article ne suffit pas et il aurait fallu un bouquin entier.

Je voulais surtout vous faire prendre conscience de l’importance de développer son oreille, et que c’est un travail qui peut se faire tous les jours, presque n’importe où, sans instrument et sans que personne ne s’aperçoive que vous êtes en train de progresser à la guitare.

Et vous, avez-vous une bonne oreille ?